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À peine parvenus en les lignes de l’armée royale, le comte et ses hommes furent envoyés au combat, tant manquaient les troupes fraîches.

Ils participèrent à la chute de Montlhéry, interdisant ainsi la route de la Beauce à la Fronde. Dix jours plus tard, la route de la Brie était coupée à son tour après la prise par les troupes de Condé de Brie-Comte-Robert, bataille où les canons du général de Nissac firent merveille. Au terme d’un violent combat, le duc de La Rochefoucauld fut grièvement blessé et, comme Condé admirait la réelle bravoure du duc, Nissac répondit froidement :

— Ce n’est point son courage, qui est en cause, mais l’amour qu’il porte à son pays. Il en va donc du duc de La Rochefoucauld comme de tous les Frondeurs : ces hommes n’ont point d’honneur qui s’allient à l’étranger contre les fils de France qui servent en l’armée royale.

Le prince, publiquement, ne pouvait aller là contre encore qu’il fût intimement plus proche des Frondeurs que de Nissac sur le point qu’il fallait conserver ses privilèges à tout prix, fût-ce celui d’une occupation étrangère. En revanche, par réelle fidélité à la couronne, il admettait mal que les rebelles se dressent contre l’autorité royale, ce qui expliquait qu’il n’eût point rallié la Fronde comme tant d’autres grands seigneurs.

Il n’empêche, le comte de Nissac l’intriguait.

Une curiosité où se mêlait une certaine inquiétude. Ni le courage, ni l’intelligence du comte n’étaient un instant mis en doute, et pas davantage qu’il fût un très remarquable et même exceptionnel général, mais…

Le prince de Condé, qui souvente fois vacillait en ses croyances et se laissait facilement influencer, conçut en cet instant grande méfiance à l’endroit du comte, de la fermeté de ses convictions et de ses inébranlables certitudes, allant jusqu’à songer : « Il faudra prendre garde à ce Nissac qui n’est point accommodant en toutes choses touchant ses opinions, qui ne sont pas miennes. »

Peu après, la paix était conclue à Rueil et enregistrée par le parlement une quinzaine de jours plus tard.

Au grand dépit des loyalistes et des moralistes – mais il s’agissait souvent des mêmes ! –, charges, faveurs et cadeaux furent distribués aux chefs de la Fronde qui se trouvaient également amnistiés. Ainsi en fut-il pour les plus compromis, Conti, Longueville, Beaufort, Bouillon, Elbeuf, Turenne, Noirmoutier et tous les autres.

À croire qu’on ne récompensait que les criminels de lèse-majesté.

Mazarin savait que cette attitude ne serait point comprise de ses rares fidèles et des loyaux serviteurs de la monarchie. Mais comment aurait-il pu leur expliquer la précarité de cette paix et qu’avec ses largesses, il tentait simplement « d’acheter » les grands seigneurs qui dès lors n’auraient plus motif de se lancer en une nouvelle Fronde ?

Tout semblait si fragile au Premier ministre. Il n’était sorti vainqueur de la Fronde qu’en raison de la loyauté du prince de Condé mais il n’ignorait point la haine en laquelle celui-ci le tenait, ni que son entourage travaillait à attiser l’ambition démesurée du prince.

Même Turenne avait finalement trahi !

Quelques jours après la victoire de Brie-Comte-Robert, le maréchal avait mis en ordre de départ l’armée d’Allemagne afin qu’elle vînt écraser l’armée royale et sauvât Paris. Et si Turenne fut abandonné par cette armée qui ne le suivit pas, Mazarin savait que la raison ne tenait point au loyalisme de l’armée vis-à-vis de la couronne mais à la cassette royale où l’on avait puisé à pleines poignées pour soudoyer les officiers du grand soldat.

Mais au moins Turenne, réfugié aux Provinces-Unies, obéissait-il à plus noble motif que bien des Frondeurs cupides car son égarement venait de la folle passion qu’il portait à la trop belle duchesse de Longueville, venue fort opportunément le séduire en son camp.

Le cardinal, du haut de sa victoire, se sentait terriblement seul.

Le comte de Nissac lui manquait très cruellement. Comment un tel homme, qu’on eût pensé indestructible, avait-il pu être tué ?

Attristé, Mazarin songea au récit qu’on lui fit, peu après qu’elle fut survenue, de la mort du comte de Nissac.

Moins d’une semaine après la paix de Rueil, l’armée espagnole, venue des Pays-Bas, avait envahi la Picardie, déferlant sur le nord de la France aux frontières dégarnies.

En catastrophe, l’armée royale, brûlant les étapes, s’était portée au-devant de l’envahisseur dont les avant-gardes occupaient déjà Soissons et, malgré sa fatigue des combats de la Fronde, elle avait réussi en un magnifique sursaut à repousser les envahisseurs.

Une fois encore, le comte de Nissac et ses canons faisaient merveille quand, à sa grande surprise, il fut appelé en plein combat par le maréchal du Plessis-Praslin, qui commandait l’armée royale. Il déféra cependant à cet ordre absurde et se mit en route pour le camp du maréchal, ne se faisant accompagner que du seul Nicolas Louvet qui, comme son chef, arborait fièrement son foulard rouge autour du cou.

On sut plus tard, devant ses vives protestations, que le maréchal du Plessis-Praslin ne donna jamais cet ordre et Jérôme de Galand, lieutenant de police criminelle personnellement chargé de l’enquête par le Premier ministre, parvint à identifier le porteur du faux document qui, après ses aveux, fut aussitôt pendu avec ordre de ne point décrocher le corps avant qu’il fût premier jour de l’été.

Mais Galand, considéré comme le plus fin limier du royaume, ne s’en tint pas là et démasqua parmi les canonniers du comte un homme qui, gagnant les lignes espagnoles, s’était autorisé à prévenir l’ennemi de la présence du chef des Foulards Rouges.

Après ses aveux, l’homme fut pendu dans les minutes qui suivirent et son corps promis à longue pourriture publique.

Les Espagnols, militaires de carrière qui se souciaient peu des affaires intérieures de la Fronde, s’étaient contentés de mener le canonnier félon à un traître de plus haute volée, le marquis de Noirmoutier, Frondeur notoire qui guidait les troupes étrangères depuis la frontière.

Ainsi fut monté le guet-apens et bientôt, égarés par le faux message du maréchal du Plessis-Praslin, le comte de Nissac et Nicolas Louvet furent entourés par le marquis de Noirmoutier accompagné d’une cinquantaine d’hommes, dont quelques nobles, du parti de la Fronde.

À la surprise de tous, et notamment à celle d’un vieux général espagnol qui suivait la scène de loin, les deux Foulards Rouges sortirent aussitôt l’épée et se battirent avec une folle bravoure.

Autour de Nissac, qui se savait pourtant perdu, on compta bientôt une quinzaine de cadavres.

Les soldats espagnols et leur vieux général, curieux d’abord puis fascinés et enfin débordant d’admiration et d’enthousiasme, ce qui exaspéra fort le marquis de Noirmoutier qui se sentait désavoué en cette occurrence par ses alliés, les soldats espagnols, donc, s’étaient approchés et, devant tant de noblesse, ne ménageaient point leurs encouragements aux deux Foulards Rouges noyés sous le nombre.

Nicolas Louvet tomba le premier, d’un coup de dague au rein, et Nissac ne faiblissant point, un Frondeur lui tira une balle dans la poitrine.

On devina un flottement chez les hommes de Noirmoutier et, comme le comte sentait ses forces l’abandonner rapidement, on assista à une scène étrange. Dans un sursaut de volonté, Nissac brisa son épée sur son genou plié et jeta les deux morceaux au visage de Noirmoutier avant de croiser fièrement les bras en une insolente attitude de défi.

Après la stupeur, ce fut la ruée. Le Frondeur qui avait tiré une première fois approcha un second pistolet et fit feu à bout portant, tirant une balle dans la tête du comte de Nissac. Le voyant chanceler, quatre assaillants le percèrent de leur épée et il s’effondra enfin, mais les poings serrés.

Déjà, un Frondeur ayant coupé la tête de Nicolas Louvet la jetait dans un sac mais, comme il allait procéder de semblable manière avec le comte de Nissac, on vit chose très extraordinaire, très belle et d’une grande noblesse. Menés par leur vieux général, huit cents Espagnols casqués, tous vétérans, avancèrent en frappant en cadence leur fourreau avec leur épée, dans un roulement infernal et angoissant d’orage métallique.

Sans doute marquaient-ils ainsi leur désapprobation, mais il convenait d’y voir autre chose encore. Jugeant les Frondeurs indignes de l’épée, les soldats et officiers espagnols bastonnèrent leurs alliés avec les fourreaux, comme on disperse une réunion de laquais.

Puis, s’étant assurés du départ des partisans de la Fronde, le vieux général espagnol et ses soldats battirent en retraite car on signalait l’approche d’une avant-garde de la cavalerie du maréchal du Plessis-Praslin.

Cependant, à son arrivée celle-ci ne découvrit que le corps décapité et la tête abandonnée de Nicolas Louvet. Malgré tous les efforts de l’armée royale, et bien qu’on eût fouillé le champ de bataille tard dans la nuit à la lueur de lanternes et de torches, on ne trouva nulle trace du corps du comte.

Quoiqu’un doute subsistât, on admit que les Frondeurs, sans doute revenus sur leurs pas, avaient récupéré le cadavre de Loup de Pomonne, comte de Nissac et général en l’artillerie royale avec pour dessein de le livrer à Beaufort et ses puissants amis.

Le royaume des lys vivait une accalmie mais les plus avisés savaient que celle-ci précédait une tempête d’une terrifiante violence et qui a nom guerre civile.

L’Écorcheur ne se manifestait plus, sans doute rassasié pour quelque temps bien qu’il chérît toujours, sans plus s’en donner les moyens, l’idée de retrouver celle dont il rêvait sans savoir qu’elle s’appelait Mathilde de Santheuil.

Mazarin, quoique sa pingrerie fût connue de tous, offrit une prime de vingt mille écus, somme absolument considérable, pour qui lui ferait savoir où se trouvaient enfouis les restes du comte de Nissac.

Le baron de Frontignac, en grand chagrin, rejoignit l’armée régulière avec le grade de capitaine. Le loyal baron Le Clair de Lafitte fut fait colonel à la compagnie lourde des gendarmes de la maison militaire du roi, uniquement composée de gentilshommes, ce qui était grand honneur, mais n’apaisa point sa peine. Fervac reçut mille écus et fut nommé officier, étant élevé pour « bravoure extrême devant l’ennemi » au grade de lieutenant aux Gardes Françaises. Mais, bien qu’il accédât ainsi à un rang social inespéré et qu’il eût retrouvé la jolie Manon qui persista à vendre ses charmes aux vieux bourgeois, le beau lieutenant Maximilien Fervac devint un homme irascible et sans joie.

Anthème Florenty retourna en Touraine et, avec ses mille écus, acheta belle ferme et nombreux bétails. Il se maria dans les mois qui suivirent. Chaque 22 mars, jour de la mort du comte de Nissac, il noua un foulard rouge autour de son cou et, bien qu’il fût sans-dieu, entra en l’église à cheval pour jeter gerbe de roses au pied du maître-autel.

Monsieur de Bois-Brûlé se mit à boire pendant des mois pour noyer sa peine car, à bien réfléchir, nul, jamais, ne lui avait manifesté amitié plus solide et discrète que le feu comte de Nissac qui, pas une fois, ne l’avait tutoyé.

Lorsque le guet ramassait le géant ivrogne, un ordre arrivait aussitôt de monsieur de Galand stipulant qu’il fallait le relâcher sur l’instant. Un jour, monsieur de Bois-Brûlé parvint à secouer sa tristesse. Ses mille écus offerts par Mazarin se trouvaient entamés mais il lui en restait suffisamment pour acheter un minuscule logis rue du Crucifix-Saint-Jacques. Cependant, monsieur de Bois-Brûlé décida de ne plus jamais remonter sur les planches : ce qu’il avait vécu dépassait en intensité les pauvres drames écrits pour les estrades de foire.

Charlotte de La Ferté-Sheffair, duchesse de Luègue, accoucha d’un magnifique bébé mais, en son troisième mois, le nourrisson fut étouffé par main criminelle. Il fut dit que l’ordre venait de Mazarin qui ne supportait point l’idée qu’une duchesse ayant sympathies pour la Fronde mît au monde un enfant de son seul ami, le comte de Nissac. Il n’en était rien, puisque l’ordre venait du duc de Beaufort qui se vengeait ainsi avec grande vilénie, mais la chose demeura longtemps secrète.

Au cœur de Notre-Dame, le duc de Salluste de Castelvalognes, général des jésuites, choisit le silence et ne s’adressa plus que par écrit à ses interlocuteurs.

Le Premier ministre, qui savait presque tout et bien entendu la folle et réciproque passion entre madame de Santheuil, qu’il considérait comme sa fille, et son très cher comte de Nissac, auquel il devait la vie et tout le panache que la cause royale retirait des exploits des Foulards Rouges, le Premier ministre, donc, ne savait que faire pour l’inconsolable Mathilde. Lui offrir de l’or eût été plus que ridicule, offensant. Il la fit donc baronne, mais cette nouvelle laissa la jeune femme indifférente. Alors, il eut l’ingénieuse idée de la mettre en étroite relation avec Jérôme de Galand qui, bien qu’il eût refusé le titre qu’on voulait créer à son intention, se trouvait de fait véritable chef de la police parisienne.

Ainsi, le policier vieillissant et la jeune baronne de Santheuil partaient sur les routes de France dès qu’on signalait ossements d’homme de haute stature portant bottes de cavalerie jusqu’aux genoux ou bien encore corps déterré en la région où le comte avait trouvé la mort.

Car ainsi était Mathilde, et ce n’était point là sa faute qui en revenait à son amour démesuré : sans preuves, elle continuait d’espérer.

En la région de Saint-Vaast-La-Hougue, le vieux château du comte de Nissac essuyait toujours avec grande vaillance les assauts de la mer et du vent.

Aux écuries grandissait un poulain d’un noir diabolique dont le père, cheval du comte de Nissac, s’était laissé mourir de chagrin malgré tous les soins qu’on lui porta en les écuries royales.

Le vieux couple de serviteurs assurait son service et l’entretien du château par reconnaissance envers celui dont la générosité les préservait de la misère. À ceux qui leur portaient paroles de consolations, ils répondaient en haussant les épaules : « Monsieur le comte reviendra, et le vent jouera de nouveau avec les belles plumes rouges et blanches de son chapeau. Il reviendra, même d’entre les morts, parce qu’il est toujours revenu et qu’un Nissac de cette valeur, il faut le tuer deux fois ! »

Près du pont-levis, « Mousquet », le chien noir et feu qui commençait à blanchir, attendait. Il attendait du lever du soleil au coucher du jour un homme qui ne venait plus jamais.

Ailleurs, en le reste du royaume, la guerre civile faisait rage…

FIN DE LA PREMIÈRE ÉPOQUE.

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